Définition
Les marqueurs tumoraux sont des substancres circulant dans le sang, souvent des protéines ou des hormones, qui sont produites par le tissu cancéreux (cellules cancéreuses) ou parfois par l'organisme en réponse à la croissance d'un cancer. Ces substances sont dosées généralement dans le sang et peuvent évoquer l’existence d’un cancer, d’une récidive de cancer ou de certaines affections bénignes.
Un taux élevé d’un marqueur tumoral ne permet pas de poser le diagnostic d’un cancer. A l’inverse, un taux normal d’un marqueur tumoral n’exclue pas la présence d’un cancer.
La sensibilité et la spécificité des marqueurs actuellement disponibles n’atteint pas 100 %. Ils sont habituellement absents ou présents à l’état de traces chez un sujet sain.
Les marqueurs sont recherchés par une simple prise de sang.
Cet article se limite aux marqueurs tumoraux en relation avec les cancers gynécologiques.
Signification
L’élévation du taux d’un marqueur tumoral peut signifier :
- la présence d’un cancer ;
- la reprise évolutive de la maladie cancéreuse ;
- la présence d’une pathologie bénigne.
Le taux d’un marqueur élevé est souvent corrélé au nombre de cellules cancéreuses présentes dans la tumeur ou disséminées à distance et formant des métastases.
Indications
Sauf cas très spécifiques, les marqueurs tumoraux ne permettent pas de poser le diagnostic d’un cancer. Ils ont pour la plupart une faible spécificité.
L’indication principale de leur dosage est la surveillance d’un patient traité de cancer. Un premier dosage est effectué avant le début du traitement afin d’avoir une valeur de référence. D’autres dosages sont pratiqués en cours de traitement afin d’apprécier la réponse thérapeutique (efficacité du traitement) et d’adapter le traitement. Enfin, ils sont répétés à distance du traitement dans le cadre du suivi, comme un moyen permettant de rechercher la survenue d’une rechute. L’élévation continue d’un marqueur chez un patient traité de cancer correspond souvent à la survenue d’une rechute locale ou d’une métastase à distance. Une élévation anormale précède souvent de plusieurs mois l’apparition de signes cliniques ou de signes radiologiques. Cette situation crée une anxiété supplémentaire chez le patient.
Une autre indication, plus rare, est la recherche d’une tumeur primitive. L’augmentation d’un marqueur permet parfois une orientation diagnostique vers sa tumeur primitive.
Les marqueurs
CA 125
C’est le principal marqueur tumoral du cancer de l’ovaire (et en particulier des cystadénocarcinomes séreux). Cette substance peut s’élever également en cas de cancer de l’endomètre, d’un adénocarcinome du col utérin, d’un cancer de la trompe utérine, de cancer de l’intestin ou de métastases péritonéales. Certaines affections bénignes peuvent provoquer son augmentation :
- grossesse (essentiellement au premier trimestre) ;
- kyste ovarien bénin ;
- endométriose, adénomyose ;
- inflammation de la plèvre, du péritoine ou des intestins, ascite ;
- hépatite.
ACE (Antigène carcino-embryonnaire)
Marqueur normalement sécrété par l’intestin, le pancréas et le foie fœtal pendant les deux premiers mois de grossesse. Cette substance peut s’élever de façon peu spécifique en cas de cancer du sein, cancer du poumon, chez le fumeur, en cas de maladie inflammatoire digestive ou d’affection hépatobiliaire.
CA 19,9
Marqueur principal des cancers du tractus gastro-intestinal. Cette substance peut s’élever en cas de cancer de l’ovaire, dans certaines maladies inflammatoires, en cas d’hépatite ou de pancréatite chronique.
CA 15,3
Marqueur principal du cancer du sein, il a une faible sensibilité et une faible spécificité. Cette substance peut s’élever également en cas de cancer du poumon, d’un cancer de l’ovaire, d'une maladie hépatobiliaire ou d'une pancréatite aigue.
SCC (Squamous Cell Carcinoma Antigen)
Marqueur peu spécifique du carcinome épidermoïde du col utérin.
HCG (Hormone Chorionique Gonadotrope)
Marqueur habituellement sécrété chez la femme enceinte par les cellules syncitio-trophoblastiques du placenta, il passe dans la circulation maternelle. Un taux anormalement élevé peut s’observer en cas de grossesse molaire, d’un choriocarcinome (dégénérescence maligne du placenta), de certaines tumeurs germinales du testicule ou des ovaires.
α-foeto protéine (AFP)
L’AFP est présente dans le sang fœtal. Sécrétée par la vésicule vitelline puis par le foie fœtal, une partie traverse le placenta et circule dans le sang maternel pendant la grossesse. C’est un marqueur d’une partie des tumeurs germinales du testicule ou des ovaires. Elle est également augmentée en cas d’hépatite ou de cirrhose. Chez la femme enceinte, son taux est généralement élevé en cas d’anomalie de fermeture du tube neural fœtal et généralement bas en cas de fœtus porteur d’une trisomie 21.
HE4
L'HE4 correspond à une protéine surexprimée chez les patientes ayant un cancer de l'ovaire essentiellement de type séreux, dès leur stade le plus précoce.
Valeurs normales et demi-vies
Marqueur
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Valeur normale
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Demi-vie
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CA 15,3
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< 28 U/ml
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-
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CA 125
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< 35 U/ml
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-
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ACE
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< 5 ng/ml
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6 à 8 jours
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CA 19,9
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< 60 U/ml
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-
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SCC
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< 1,5 ng/ml
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-
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AFP
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< 15 ng/ml
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5 à 6 jours
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Béta HCG
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< 5 mUI/ml
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36 à 48 heures
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Score de ROMA
Le Score de ROMA (Ovarian Malignancy Risk Algorithm) consiste en l'estimation du risque de cancer de l'ovaire à l'aide d'un algorithme, à partir du dosage biologique de l'HE4, du CA 125 et du statut ménopausique, chez une patiente présentant une masse ovarienne suspecte à l'imagerie.
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