Généralités
Souvent, un bilan hormonal est prescrit par le gynécologue ou l'endocrinologue lorsque surviennent des effets secondaires de la pilule contraceptive. Mais alors, est ce que les hormones de la pilule interférent avec les hormones naturelles ? Est ce que la prise de la pilule peut fausser les résultats ? Quel est le moment optimal pour effectuer le bilan afin que les résultats soient fiables ?
L'axe hypothalamo-hypophysaire
De la puberté à la ménopause, les ovaires sont en interaction constante avec l'axe hypothalamo-hypophysaire. Il s'agit de deux petites glandes situées à la base du cerveau, l'hypophyse et l'hypothalamus.
Cet axe est régulé par la sécrétion de différentes hormones par ces différentes glandes : œstrogènes et progestérone pour les ovaires, FSH (hormone folliculo-stimulante) et LH (hormone lutéinisante) pour l'hypophyse, et GnRH (gonadotropin releasing hormone) pour l'hypothalamus.
La GnRH contrôle la production hypophysaire de FSH et de LH, qui contrôlent, à leur tour, la production ovarienne d'œstrogènes et de progestérone.
Les œstrogènes et progestérone sécrétées par les ovaires exercent un rétro-contrôle (contrôle en retour) sur l'hypophyse et l'hypothalamus, freinant en particulier leurs sécrétions lorsque leur concentration dépasse un certain seuil (par exemple en cas de grossesse...).
Les variations cycliques de la sécrétion de ces différentes hormones sont responsables de l'ovulation (déclenchée par le pic de LH) et des modifications de l'utérus nécessaires à l'implantation d'un ovule fécondé. En l'absence de fécondation, les règles surviennent et un nouveau cycle démarre. En cas de fécondation, le corps jaune gravidique issu des cellules qui entouraient l'ovule, puis le placenta sécrètent eux-mêmes de l'œstrogène et de la progestérone, qui vont mettre l'axe hypothalamo-hypophysaire au repos, interrompre les cycles et permettre la poursuite de la grossesse.
La contraception hormonale interfère dans le mécanisme du cycle menstruel en apportant des quantités constantes d'œstrogènes et de progestatifs (dérivés synthétiques de la progestérone) pour inhiber l'axe hypothalamo-hypophysaire.
Les pilules progestatives ont le même mécanisme d’action mais ne bloquent pas toujours l’ovulation.
Ces différents effets sur le cycle féminin sont rapidement réversibles à l'arrêt de la pilule.
Le cycle hormonal normal
Lors du cycle naturel, sans prise de pilule, la concentration de FSH et LH reste faible tout au long du cycle. Le 12ème jour en général, la quantité d’œstrogènes dans le sang atteint un pic (160 pg/mL) et entraîne une décharge de GnRH, et ensuite un pic combiné de de FSH et de LH (FSH à 80 mU/mL, LH à 30 mU/mL). C’est cette dernière hormone qui est responsable de l’ovulation puis de l’apparition du corps jaune. L'œstradiol montre un deuxième pic vers le 21e jour (120 pg/mL) ainsi que la progestérone (18 ng/mL).
Cycle sous pilule contraceptive
La contraception hormonale interfère dans le mécanisme du cycle menstruel en apportant des quantités constantes d'œstrogènes et de progestatifs (dérivés synthétiques de la progestérone) pour inhiber l'axe hypothalamo-hypophysaire.
Par l'apport exogène d'hormones, la pilule combinée empêche l’évolution des taux de FSH et LH, ainsi, l’ovaire reste au repos : il n’y a pas de maturation de follicule ovarien ni d’ovulation. De même, l'éthynil œstradiol de la pilule oestroprogestative entraine l'élévation du taux de la SHBG ce qui engendre la baisse du taux circulant de testostérone libre et testostérone totale. Par son effet anti gonadotrope la pilule oestroprogestative diminue le taux de LH et par là la production par la thèque des androgènes.
Ainsi, sous pilule, les taux de toutes les hormones restent bas et constants : FSH et LH autour de 20 mU/mL, la progestérone proche de 0 ng/mL et l'œstradiol autour de 40 pg/mL.
A quel moment faire un dosage hormonal lorsque l'on prend la pilule ?
Si un bilan hormonal s'impose, afin d'obtenir des résultats fiables, il est nécessaire d'attendre au moins trois mois après l'arrêt d'une contraception hormonale. Pensez à utiliser une autre contraception non hormonale afin d'éviter une grossesse par accident dans cet intervalle de temps. Parlez-en à votre gynécologue.
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